Merci
à Yvan Aboussouan
d'avoir rassemblé tous les textes qui suivent.
Droits d’auteur
: les textes appartiennent à leur auteur
Dr.
Madan Kataria is a qualified Physician in
Allopathic system of medicine, practising
in Bombay (India) for the past 15 years.
Ex-registrar Jaslok Hospital and Research
Centre , Bombay in Internal Medicine and
Cardiology.
Dr. Madan Kataria, the merry medicine man
from India, the Guru of Giggling (London
Times), a pioneer of laughter clubs
movement all over the world, has developed
a new technique of Laughter Therapy, based
on Yoga. At present there are more than
800 Laughter Clubs in India, USA,
Australia, Germany, Switzerland, France,
Sweden, Norway, Denmark, Italy, Australia,
Singapore, Malaysia and Dubai.
www.laughteryoga.org
laugh@laughteryoga.org
Tel. +91-22-26316426
|
Interview
du Dr. Kataria
Comment
expliquez-vous le fantastique essor ces dernières
années des clubs de rire dans le monde? Combien
sont-ils?
L’idée
du club de rire m’est venue en 1995, à la
lecture du magazine « Mon docteur » où étaient
mentionnés les bénéfices du rire sur la santé.
J’ai constaté que la littérature scientifique
sur ce sujet restait sérieuse, sur papier, et
n’avait pas d’application dans la vie,
n’atteignait pas la population. Je me suis mis
en tête de créer un club de rire puisque
celui-ci était si bénéfique pour le corps.
J’ai réuni un jour 5 personnes dans un parc
pour rire autour de blagues. Le groupe s’est
vite agrandi mais au bout de 10 jours nous avions
épuisé nos stocks de plaisanteries. Je me suis
alors interrogé sur un moyen de rire sans humour.
Ainsi a émergé l’idée du yoga du rire.
Je
pense que le succès des clubs de rire provient de
plusieurs facteurs:
o
On se réunit en groupe pour partager un rire de
contagion accessible à tous et qui ne dépend de
la capacité à faire de l’humour. Cette atmosphère
conviviale réduit les inhibitions et aide les
timides.
o Que cela soit un rire imité, consciemment
stimulé (artificiel) ou naturel, les effets sur
le corps sont identiques, tels que la sécrétion
d’endorphines, le massage des intestins...
o Au cours d’une séance, le rire artificiel
vire rapidement au naturel avec la détente des élèves.
o Plus on pratique le yoga du rire, plus le rire
naturel vient facilement.
Mais le principal succès des clubs tient sans
aucun doute au principe que l’on peut rire
ensemble sans utiliser son mental. Parlons des
liens mental-corps :
L’humour
passe par le cerveau pour atteindre le corps car
le rire est finalement un processus physique et
non mental. Pour ceux qui n’ont pas le sens de
l’humour, il n’est pas facile de faire rire.
Or, si l’on stimule le corps avec un rire sans
humour, l’esprit ressent des émotions
similaires à l’effet d’une plaisanterie. Il y
a indubitablement un lien à double sens entre le
mental et le corps. Ce phénomène très général
se retrouve notamment dans le domaine de la
sexualité: la stimulation peut provenir de la tête
ou du corps. Fait intéressant, à force de rire
sans raison dans un club de rire, c.à.d. sans une
stimulation du mental, on se détend et on développe
son sens de l’humour.
Ainsi,
ce n’est pas uniquement parce qu’on est
heureux que l’on rit mais c’est en riant que
l’on devient heureux. A ce propos, on devrait
distinguer être heureux et être joyeux. Etre
heureux, c’est obtenir dans la vie ce que l’on
désire. Or, il est difficile de rester heureux
longtemps car sitôt qu’un désir s’est réalisé,
on court derrière autre chose …hahaha! Rester
heureux n’existe pas! En ce qui concerne la
joie, même si la vie est pleine de problèmes,
nous avons la faculté de rire et donc d’opérer
une transformation durable dans notre corps, ce
qui nous permet de gérer les problèmes de façon
plus sereine et d’être plus souvent joyeux.
C’est encore une des raisons de la popularité
des clubs de rire.
Depuis
le 13 mars 1995, date de la fondation du premier
club de rire, soit après 9 ans, aujourd’hui on
compte dans le monde environ 2500 clubs de rire
(1000 en Inde).
(Pause,
exercice mené par le Dr. Kataria dans la salle :
« le rire du démarrage de la voiture en hiver »)
Quelle
est la différence entre la méditation du rire
tel qu’elle se pratique en Inde depuis des millénaires
et celle que vous enseignez?
Le
terme méditation signifie un silence des pensées,
le mental arrête de tourner. C’est justement ce
qui se passe dans le rire. La méditation
traditionnelle se pratique seule, elle est
statique, spirituelle, difficile
d’apprentissage. Celle que j’ai développée
est dynamique, se pratique en groupe, implique le
jeu, l’amusement, ne fait pas appel à la
spiritualité ou la religion, et s’apprend
facilement.
Au-delà
des clubs de rire, quelle est la philosophie que
vous prônez?
(Interruption,
exercice: « le rire de la dispute »)
Normalement,
le rire est un amusement et un plaisir physique.
Mais nous désirons aussi le promouvoir pour gérer
les émotions négatives et les personnes
difficiles (raison de l’exercice précédant),
ainsi que pour connecter les gens entre eux et développer
l’amour du prochain. Selon moi, le but de la vie
est de se connecter aux autres.
Projets et visions?
(Interruption,
exercice: « le rire libre »)
Continuer
à former des animateurs et à développer les
Clubs de rire partout dans le monde, il en faut
des millions, hahaha ! S’il y avait des millions
de clubs de rire dans le monde, leurs membres éliraient
au gouvernement des politiciens plus joyeux.
J’aimerais
fonder dans ces 5 prochaines années une université
internationale sur le rire. Ce centre regrouperait
non seulement les clubs de rire mais toutes les méthodes,
arts et techniques qui permettraient de stimuler
le rire : clown, théâtre, danse, chant... avec
pour but de réunir les peuples du monde entier
par le biais de l’hilarité.
Un
vœu: à l’ouverture des Jeux Olympiques de
Benjing, une minute de rire. Si le monde pouvait
rire ensemble dans le même instant, la conscience
globale de l’humanité serait modifiée…
et surtout, je souhaite la Paix dans le monde à
travers le rire.
Dr.
Madan Kataria (interview Y.A.)
Frontignan, le 4 juillet 2004
France
Mondor est relaxologue,
biosynergiste et, formée par le Dr
Sutorius et le Dr Tal Schaller,
intervient avec le rire, et notamment ,
le Rire Blanc depuis 1992 en
France.
http://www.francemondor.com/
|
Témoignage
Je
suis ici pour témoigner des bienfaits du rire sur
la santé.
Voici
l’historique de mon aventure.
Cela a débuté en 1983 (soit déjà 21 ans) après
une intervention des varices en Juillet (ce qui
est proscrit pendant les grandes chaleurs) et
trois semaines de convalescence, je pars en
vacances en Provence.
La
chaleur qui persévère fait que je me sens très
fatiguée et vais donc consulter un médecin généraliste
en province. Celui-ci me prolonge mon arrêt de
travail et me conseille de voir mon médecin
traitant à mon retour ; ce que je fais.
Celui-ci
me dirige vers un cardiologue qui m’incite à
aller passer une échographie.
A la vue des résultats, le médecin veut me
garder à l’hôpital, de peur que je meures dès
le premier geste accompli, tant j’étais au bout
du rouleau avec une cardiomyopathie ventriculaire
gauche, non obstructive importante.
Je
suis donc restée en observation pendant une
semaine avant de faire une coronarographie qui ne
nous informe en rien sur l’origine de cette
cardiomyopathie, sinon qu’elle doit être héréditaire
de par mon père qui est un grand cardiaque (beau
cadeau !)
Un
traitement de cheval est alors mis en place: anti
coagulants, diurétiques à haute dose et un médicament
dont la dose maxi est de 9 comprimés par jour et
j’en prends 12.
Je
n’ai plus qu’à prendre mon mal en patience et
bien qu’interdit, je trouve le moyen de tricoter
en me calant les bras sur des coussins, je fais
des mots fléchés, je regarde la TV, et le
week-end, les amis passent me voir et nous rions
beaucoup. Je ne vous ai pas encore tout dit mais
mon compagnon est très drôle et avec ma fille
qui ne donne pas son reste, c’est la crise de
rire assurée, tous les jours.
Après
quelques mois sans amélioration, l’équipe médicale
qui me suit (c’est à dire mon cardiologue et
l’équipe de l’hôpital) décide qu’il va me
falloir une greffe du cœur.
Je
vous passe les détails de tout ce qui peut se
passer sous le crâne d’un malade lorsqu’il
lui est annoncé ce type d’intervention !
Compte
tenu des phénomènes anti rejet, de mon jeune âge
et de la charge d’une enfant de 8 ans, mon
cardiologue décide d’attendre pour gagner du
temps, espérant que des progrès seront encore
faits dans le domaine de la greffe et que, qui
sait, une amélioration pourrait être possible.
Quelques
mois se sont écoulés durant lesquels
effectivement une amélioration s‘installe. Lors
d’une consultation, je découvre dans la salle
d’attente, une revue intitulée Cœur et santé.
En
la feuilletant, j’aperçois un article sur le
rire dans lequel le Dr.RUBINSTEIN auteur du livre
La Psychosomatique du rire prône les bienfaits du
rire sur la santé.
Persuadée
que mon amélioration est due aussi bien au
traitement médical qu’au moral toujours au beau
fixe, je décide d’acheter ce livre.
Et
là, oh! révélation, je constate que le rire est
bon pour la santé du cœur, la respiration, le
moral etc…. (Pour plus d’informations
consulter cet ouvrage).
Cette
lecture me conforte dans l’idée que j’avais
de l’importance des bienfaits du rire et du
moral sur la santé.
L’équipe
médicale qui m’a suivi est d’accord pour me
dire que le bon moral qui m’habite est bénéfique
pour mon rétablissement, mais que déontologiquement
ils ne peuvent pas me l’écrire. Quel dommage !
D’ailleurs, pour me donner le moral, le
cardiologue me dit que je suis consolidée, mais
pas guérie (dans ma tête, je suis guérie depuis
longtemps, ah ! ah !).
Comme
il m’arrive de me parler à moi-même, je me
suis donc dit : si tu n’es pas morte comme prévu,
c’est que tu as une mission à remplir sur
terre.
C'est
alors que j’ai décidé de faire partager avec
tous ceux qui le veulent mon expérience afin de
les accompagner dans leurs difficultés.
Compte
tenu de ma formation de relaxologue, dès que
j’ai été mieux (environ 8 ans plus tard) je me
suis formée à la technique dite du rire blanc
(rire non réactif provoqué par une respiration
spécifique) et j’ai créé des ateliers rire et
relaxation pour tout public en 1993.
Fille
de médecin, j’ai toujours été intéressée
par la santé et donc j’ai construit ensuite une
formation professionnelle destinée au personnel
soignant intitulée rire et santé afin que ceux
ci puissent mieux accompagner les malades et aussi
mieux communiquer aussi bien avec la hiérarchie,
les collègues et les malades.
Avant
de terminer ce témoignage, je voudrais vous
rappeler que ma maladie s’est déclarée en 1983
et que nous sommes en 2004. Je mène une vie
totalement normale c’est à dire une activité
professionnelle, et une vie privée, avec mon cœur
et moteur d’origine et que comme vous pouvez le
constater, je ne fais pas maladive.
France
Mondor
Juin 2004
Le
Dr Henri Rubinstein, neurologue, est un précurseur
lorsqu'il s'intéresse au rire et publie
en 1983 un best-seller qui n'a pas pris
une seule ride : La Psychosomatique du
Rire.
Deux cent pages où il décrit
toutes les vertus d'un éclat de rire et
nous rappelle avec bon sens que le rire
est un réflexe vital dont nous ne
saurions nous passer sous peine de perdre
santé et raison... de vivre!
La Psychosomatique du
Rire, Robert Laffont, 1983, Paris
|
Rire
et vieillissement
Il
me semble utile d’exposer brièvement ce que
nous savons de la neuro-physiologie du rire et de
l’humeur pour tenter de démontrer les relations
étroites qui existent entre le rire, la qualité
de la vie, le vieillissement et la longévité des
individus.
Il
est établi que le rire est un phénomène réflexe
, c’est à dire une réponse physique
involontaire à une stimulation (ici, la
stimulation est une émotion plaisante). Qu’il
existe en nous un rire réflexe, que chacun a pu
ressentir et expérimenter est un argument de plus
pour affirmer l’importance du rire pour l’être
humain. Cette définition permet d’ordonner ce
que nous savons de la neuro-physiologie du rire:
réponse:
rire est un réflexe, on ne rit qu’après une
stimulation psychique ou physique.
physique:
rire participe du corps, de la respiration, des
muscles. Cette réponse physique consiste en une série
de petites expirations saccadées qui dépendent
des contractions également involontaires des
muscles de la face. Elles sont toujours accompagnées
d’une vocalisation, provoquée par de violents
mouvements d’inspiration et d’expiration du
muscle diaphragme.
involontaire:
ce mécanisme du rire est incontrôlable, il est
situé dans le cerveau profond et, une fois le
rire déclenché, le cortex conscient est déconnecté.
Bien entendu, il faut nuancer car on peut aussi se
forcer à rire et, par ailleurs le sourire, qui
lui est volontaire, déclenche souvent le rire.
émotion:
le rire est une émotion, soumise au mécanisme général
des émotions où interviennent le diencéphale et
le système nerveux autonome. Les mécanismes de
l’émotion, en principe autonomes, sont régulés
par le cerveau conscient.
plaisante:
la notion de plaisir est capitale et rend compte
des valeurs positives attachées au rire. Mais ce
qui fera plaisir à un individu donné n’est pas
forcément drôle pour un autre et déborde
largement le cadre du comique.
La physiologie du rire s’organise autour de
trois axes principaux. Les deux premiers, l’axe
musculaire et l’axe respiratoire sont des axes
d’extériorisation; ils sont partiellement
imbriqués et relativement simples à décrire. Le
troisième, axe de commande neuro-hormonal, est
beaucoup plus complexe puisqu’il fait intervenir
à la fois le cerveau conscient (et par là-même,
au niveau du cortex cérébral, les mécanismes
psychologiques du rire), les centres neurologiques
des émotions (système limbique), les médiateurs
chimiques du système nerveux, la motricité réflexe
et enfin le système nerveux autonome (sympathique
et parasympathique) qui n’est pas sous le contrôle
de la volonté.
L’axe
musculaire: le rire met en jeu un grand nombre de
muscles depuis les petits muscles du visage, les
muscles du larynx, les muscles respiratoires et le
diaphragme jusqu’à la musculature abdominale et
celle des membres. Il s’agit d’une véritable
onde qui se transmet de proche en proche en
augmentant d’intensité jusqu’à intéresser
l’ensemble de la musculature striée
(volontaire), mais aussi la musculature lisse
(involontaire) de l’organisme.
Les
petits muscles plats du visage (zygomatique,
frontal, temporal, etc.) et les muscles
circulaires (orbiculaires de lèvres et des paupières)
sont responsables de l’expression rieuse; leur
contraction attire les coins de la bouche et les
paupières vers le haut. En revanche, les mâchoires
s’écartent par le relâchement des masséters
(muscles de la mastication). Ce sont les cordes
vocales et les muscles du larynx qui sont les
responsables finaux de la vocalisation caractéristique
du rire (“Ha, ha”), elle-même provoquée par
de profondes inspirations suivies de contractions
courtes et spasmodiques du diaphragme et des
muscles accessoires de la respiration qui
mobilisent toute la cage thoracique. Le rire,
comme tout phénomène expulsif (chant, toux, éternuement)
contribue à pousser l’expiration au-delà de la
simple élasticité pulmonaire et donc à
mobiliser plus profondément la cage thoracique en
utilisant davantage les possibilités des muscles
expirateurs (intercostaux internes, grand et petit
oblique, transverse de l’abdomen) habituellement
peu sollicités dans la vie quotidienne.
Associées
à l’action des muscles respiratoires se
produisent des secousses des épaules et surtout
un relâchement, une détente des autres
territoires musculaires. La tête n’est plus fixée
et se balance, les mains s’ouvrent, allant
jusqu’à lâcher des objets, les jambes se relâchent
pouvant obliger le rieur à s’asseoir. Ce relâchement
musculaire peut devenir très général et intéresser
les sphincters. “Pisser de rire” est une
expression suffisamment répandue pour qu’elle
atteste d’une réalité physiologique.
Parallèlement
à ces effets sur la musculature volontaire se
produisent, par l’intermédiaire du système
nerveux autonome, des modifications de la
musculature involontaire: les rythme cardiaque
augmente puis diminue de façon durable, les
muscles lisses des artères se relâchent et
augmentent le calibre des vaisseaux, ce qui
diminue la pression artérielle. De même, les
bronches, par le jeu de leur musculature lisse,
s’ouvrent plus largement, augmentant ainsi la
ventilation pulmonaire.
L’axe
respiratoire est intimement lié à l’axe
pulmonaire puisque les poumons sont solidaires de
la cage thoracique. Les échanges respiratoires
sont mécaniquement favorisés, ce qui va
intervenir positivement au niveau des diverses
fonctions des poumons:
fonction
respiratoire principale, par laquelle
l’organisme reçoit l’oxygène nécessaire à
ses combustions et à l’expulsion des produits
toxiques métabolisés.
action
sur le métabolisme des graisses avec fixation et
destruction des lipides lors de la traversée
pulmonaire.
actions
métaboliques spécifiques sur le glucose, le
calcium et l’acide lactique. Ce dernier, déchet
du travail musculaire dont l’accumulation est
responsable de la sensation de fatigue, est éliminé
par la respiration.
action
anti-toxique des cellules de la paroi interne des
vaisseaux pulmonaires, vis à vis des corps étrangers
circulant dans le sang.
action
destructrice des microbes de rencontre grâce aux
cellules spécialisées, responsables des défenses
immunitaires, présentes dans la masse sanguine et
les alvéoles pulmonaires.
Ainsi, le rire augmente considérablement les
fonctions respiratoires, allant jusqu’à tripler
la valeur de ces échanges respiratoires, en
particulier en mobilisant l’air de réserve qui,
dans les circonstances habituelles, n’est pas
renouvelé et stagne dans les poumons.
L’axe
neuro-hormonal commande, déclenche et entretient
les mécanismes du rire, dont on vient de voir les
phénomènes d’extériorisation musculaires et
respiratoires. Jusque récemment, on considérait
qu’un “centre du rire” se trouvait dans le
cortex cérébral droit, au niveau préfrontal
(aires 9 à 12 de Brodmann) où se situe le contrôle
de la personnalité et qui n’est que peu concerné
par l’intellect proprement dit mais qui, en
revanche, est en interaction étroite avec le
cerveau des émotions ou système limbique. Cette
localisation au cerveau droit, considéré comme
siège des activités de synthèse par opposition
au cerveau gauche, où prédominent les activités
logiques et analytiques, est satisfaisante pour
l’esprit puisqu’elle permet de rendre compte
à la fois du caractère globale des situations
comiques, de la destruction du rire par
l’analyse et du fait que les esprits raisonneur
ne sont à l’évidence pas portés sur les
plaisirs de la joie et du rire. Plus récemment,
des médecins californiens auraient isolé
l’aire du rire dans le gyrus frontal supérieur
gauche, voisine de l’aire du langage. Cette découverte,
non confirmée à ce jour, pose des questions intéressantes
en confirmant l’existence - sinon la
localisation - d’un centre du rire, inscrit en
nous, dont la stimulation faible ne provoque
qu’un sourire alors que des intensités plus
fortes déclenchent des rires francs, massifs et
contagieux. Cette situation frontale rend compte,
si besoin est, des rapports étroits entre le
rire, la personnalité et le langage. Certes, la
localisation à l’hémisphère gauche poserait
des problèmes théoriques que je ne développerai
pas ici.
Le
cortex frontal et pré-frontal, siège de la
personnalité, est connecté au système limbique,
partie beaucoup plus ancienne du cerveau
fonctionnant en corrélation avec l’hypothalamus
et constituant le véritable centre des émotions.
Le cortex lui dicte quel type de réponse il doit
faire dans une situation donnée et le système
limbique ajuste le niveau de réponse. Une
expression émotionnelle met pleinement en jeu des
mécanismes de “feed-back” par l’intermédiaire
des organes des sens jusqu’au cerveau en passant
par les sécrétions hormonales et les viscères.
En retour, les modifications cérébrales
affectent la périphérie. Le cortex reçoit des
messages et “décide” du type de l’émotion
(plaisir, rire, colère, etc.) alors que le système
limbique ajuste l’intensité de cette réponse
en produisant les manifestations physiques de l’émotion.
Nous savons localiser les zones responsables de
différentes émotions au sein des structures du
rhinencéphale et du diencéphale. Par exemple, le
plaisir et le déplaisir dans le noyau dorsal de
l’hypothalamus, la rage et l’agressivité dans
l’amygdale, la joie dans le septum, etc... De même,
ces structures assurent le contrôle du rythme
cardiaque, de la respiration, de la tension artérielle,
de la température du corps, des sécrétions
hormonales, etc...
Toute
transmission entre les neurones se fait par
transmission chimique puisque le rôle électrique
de l’influx nerveux consiste uniquement à libérer
les neurotransmetteurs au niveau des synapse.
L’action des neurotransmetteurs (acetyl-choline,
pour les mouvements simples et la mémoire;
dopamine, pour les mouvements complexes et
l’activité mentale; GABA, pour l’inhibition
des mouvements anormaux et le contrôle de
l’humeur et du comportement; sérotonine, pour
la régulation du sommeil et de l’humeur; adrénaline
et nor-adrénaline pour le maintien de l’état
d’éveil et de l’acuité des processus
cognitifs) est modulée, amplifiée ou réduite
par les neuromodulateurs (endorphines et enképhalines)
présents dans le système limbique et
l’hypothalamus. Les principales fonctions de ces
derniers concernent la perception de la douleur,
la mémoire et l’apprentissage. Il existe au
niveau cérébral de nombreux sites récepteurs spécialisés
qui “attendent” qu’une endorphine spécifique
vienne s’y fixer. La démonstration en a été
faite à propos des récepteurs de la morphine,
conduisant à la découverte historique de la
première endorphine ou morphine naturelle. De même,
des sites sont disponibles pour des molécules à
action anxiolytique ou antidépressive.
Les
émotions - ici le rire - élaborées au niveau
cortical et sous-cortical, transmises par voie
chimique par les neuromédiateurs vont atteindre
la périphérie, c’est à dire les différents
organes concernés, en cheminant par les voies
d’un système nerveux particulier, le système
nerveux autonome ou système nerveux végétatif
qui contrôle automatiquement, en dehors de la
volonté, un grand nombre de fonctions de
l’organisme, coeur, vaisseaux, appareil
digestif, respiration, glandes endocrines, système
immunitaire, etc.
Il
faut se représenter le système nerveux autonome
comme un système instable comprenant deux
sous-systèmes (sympathique accélérateur et
para-sympathique freinateur) qui sont en
permanence à la recherche d’un équilibre. Cet
équilibre, que l’on assimile à la santé,
c’est à dire au “silence des organes” est
fragile et constamment menacé; en particulier,
toutes les situations dites de stress vont
stimuler le système sympathique accélérateur
alors que les situations de relaxation vont
favoriser le système para-sympathique freinateur.
Il importe de savoir que les mécanismes du rire
participent presque exclusivement du système
para-sympathique dont l’activité anti-stress se
manifeste, entre autres, par la contraction des
pupilles, l’augmentation des sécrétions
gastriques, le ralentissement du rythme cardiaque,
la dilatation des artères, la détente
musculaire...
Cette
rapide description des structures intervenant dans
le phénomène rire permet d’en comprendre les
effets physiologiques positifs, voire d’en
proposer l’exploitation thérapeutique systématique.
En
effet, le rire est d’abord un exercice
musculaire, puisqu’il mobilise la plupart des
muscles de l’organisme, depuis la face
jusqu’aux membres, en passant par le diaphragme
et les muscles abdominaux. Le travail musculaire
est un besoin qui stimule toutes les fonctions
vitales et le rire constitue un exercice
musculaire à la fois doux et profond, facile à
mettre en oeuvre en beaucoup d’occasions. Ce véritable
jogging stationnaire, doux et modéré, convient
à tous et sans doute aux personnes âgées dont
les possibilités sont réduites en matière de
gymnastiques traditionnelles.
Ensuite,
le rire est une technique respiratoire, un moyen
agréable de réaliser naturellement des exercices
respiratoires utiles. Le rire qui associe une
inspiration ample et brève, une pause
respiratoire et une expiration longue et saccadée
rejoint les techniques de contrôle du souffle chères
au yoga. La gymnastique respiratoire influence
favorablement bon nombre des paramètres de la
santé. Grâce au brassage des viscères par les
muscles abdominaux et thoraciques, à la dépuration
de l’organisme par l’oxygène, les fonctions
intestinales et hépatiques sont améliorées,
l’appareil cardio-vasculaire se régularise, le
rendement intellectuel augmente, nervosité et
insomnies diminuent.
Surtout,
le rire libère les endorphines cérébrales en
stimulant la production cérébrale de catécholamines,
qui sont les hormones de l’éveil et préparent
l’organisme, en le mettant en état d’alerte,
à répondre aux agressions. En retour, les catécholamines
combattent les phénomènes inflammatoires et
augmentent la production d’endorphines qui
agissent contre la douleur, diminuent l’anxiété
et régularisent l’humeur. Le rire constitue un
stimulant psychique en construisant une barrière
morale d’optimisme qui développe la faculté de
réagir. Véritable désintoxication morale aussi
bien que physique, le rire combat les petites dépressions,
les inquiétudes et les angoisses de la vie
quotidienne. L’état d’alerte, lié à la
production accrue de catécholamines, augmente
l’attention, les possibilités intellectuelles
et la vitesse d’exécution des tâches. Dans son
action sur le système neurovégétatif, le rire,
après une phase d’alerte brève, se caractérise
par une phase longue et durable, à prédominance
para-sympatique, au cours de laquelle
s’effectuent de façon évidente les la réduction
des effets nocifs du stress. Le rire régularise
le sommeil, améliore ou supprime l’insomnie en
épuisant la tension interne et en “purgeant”
le système adrénergique d’éveil, laissant
place à l’action de la sérotonine dont on sait
qu’elle contrôle en partie les mécanismes du
sommeil.
Nous
pouvons extrapoler ces quelques notions
physio-pathologiques au phénomène du
vieillissement. Il est dû à des causes
multiples, dont la principale est un dessèchement
des cellules de l’organisme qui n’éliminent
plus les toxines qui s’accumulent dans les
tissus. L’activité cellulaire diminue, elles
sont envahies de tissu conjonctif et deviennent
plus fragiles. Elles n’assimilent plus, ou mal,
les produits du milieu intérieur, leur équilibre
physico-chimique s’altère, leurs capacités de
synthèse des neuromédiateurs décline.
L’appareil respiratoire diminue sa consommation
d’oxygène par réduction des mouvements
thoraciques. La fonction d’élimination des
reins se ralentit, les organes sexuels cessent peu
à peu leurs sécrétions hormonales, le système
cardio-vasculaire diminue son activité, les
fonctions cérébrales se sclérosent. À côté
de cette extinction progressive d’un organisme
fatigué, comme une bougie qui s’éteint en fin
de combustion, existent de nombreuses maladies qui
raccourcissent parfois dramatiquement l’espérance
de vie ou en détruisent la qualité. Les maladies
cardio-vasculaires, les cancers, les maladies de
la mémoire constituant, en Occident, les
principales causes de décès et d’handicaps
plus ou moins précoces.
Dans
la mesure où les principaux facteurs de risque
des infarctus du myocarde ont été identifiés
(obésité, diabète, hypertension artérielle,
hypercholestérolhémie, stress, manque
d’exercice physique), il est clair que le rire
est une arme de choix, par exemple en faisant
baisser la tension artérielle. Pour aller plus
loin à propos de la notion de stress, je rappelle
l’opposition classique entre les personnalités
de type “A”, caractérisées par le sérieux,
l’agressivité, l’exposition au stress,
l’impatience, l’activité débordante, et
celles du type “B”, chez qui le sens de
l’humour permet de réduire la colère, l’anxiété
et l’agressivité. Le goût et le plaisir du
rire sont l’apanage du type “B” et il
n’est pas abusif de penser que faire rire les
individus du type “A” peut contribuer à leur
apprendre les vertus salutaires du groupe “B”.
Si les stress, de toutes natures, favorisent et
accélèrent le vieillissement et sont à
l’origine de manifestations pathologiques telles
que les ulcères à l’estomac ou les infarctus
du myocarde, le rire sera une façon simple de
diminuer les tensions, de prendre plaisir à son
travail, d’équilibrer son activité entre
sport, activités professionnelles, loisirs, vie
affective et donc de vivre mieux - et plus
longtemps - que ceux qui ne connaissent que
frustrations et contraintes.
Bien
que controversé, le rôle du stress dans
l’apparition de certains cancers reste une
hypothèse sérieuse à prendre en considération
. Dans cette optique, il semble démontré que
l’expression de l’agressivité et la violence
exprimée jouent un rôle protecteur vis-à-vis
des cancers alors que la violence subie en
favoriserait l’apparition, de même que la répression
de la capacité d’exprimer son hostilité. Le
rire, thérapeutique anti-stress, facteur de libération,
d’expulsion et d’expression de l’agressivité
peut ainsi assurer un rôle bénéfique.
Enfin,
à propos des maladies de la mémoire, préoccupation
majeure de nos contemporains, il est clair à mes
yeux que le rire constitue un excellent “sport cérébral”,
par les capacités de stimulation cognitive
qu’il met en jeu et par ses actions
physiologiques sur la production des neuromédiateurs.
1/
Les réflexes assurent soit la protection immédiate
de l’organisme, soit son ajustement à
l’environnement, deux conditions nécessaires au
maintien de la vie. Le rire est un réflexe vital,
déjà présent chez le nouveau-né. S’il est
relativement simple de décrire les structures
physiologiques qui interviennent au cours de ce phénomène
réflexe, de décrire les phénomènes qui
accompagnent le rire, il est en revanche beaucoup
plus hasardeux de définir la nature de la
stimulation qui est en cause. Autant il est clair
que le réflexe rotulien est déclenché par la
percussion du tendon rotulien ou le réflexe cornéen
par l’attouchement de la cornée, autant la définition
de “l’émotion plaisante” suffisante mais
pas toujours nécessaire au déclenchement du réflexe
du rire est loin d’être évidente et ce
d’autant plus que des causes physiques peuvent
venir compléter les causes psychologiques les
plus habituelles.
2/ Nature; 12/02/98.
3/ L’hémisphère dominant gauche, en principe
caractéristique des civilisations occidentales,
serait davantage porté vers le verbal et le
scientifique que l’hémisphère dominant droit,
apanage des civilisations orientales et
africaines, qui privilégieraient l’art, la
mystique et le rire!
4/
Voir les modes d’action des sérotoninergiques
dans les troubles du sommeil des dépressifs.
Dr
Henri Rubinstein
Paris
Le
Dr Christian
Tal SCHALLER est l'auteur, avec
Kinou le Clown, du best seller : Le Rire, une merveilleuse
thérapie et de nombreux autres
ouvrages sur la santé parus aux éditions
Vivez Soleil.
www.santeglobale.info
info@santeglobale.info
Tél. : 06 85 02 25 37
|
RIRE
ET SANTÉ GLOBALE
Nous
avons tous des émotions, des millions d'émotions
qui déclenchent dans notre corps des sensations
multiples. Dans les sociétés modernes des pays
occidentaux, la plupart des adultes se trouvent
enfermés dans une prison de croyances rigides qui
les persuadent que leurs émotions sont
dangereuses et qu'il faut les réprimer à tout
prix. On leur a enseigné en effet dès l'enfance
qu'une émotion comme la colère ne peut s'extérioriser
que dans la violence verbale ou physique, que la
peur ne peut disparaître que si les circonstances
extérieures changent, que la souffrance et le
malheur sont inévitables et que la vie humaine
est inéluctablement marquée par le sceau du péché
originel qui nous condamne à vivre dans des
drames,des maladies et des catastrophes de tous
genres.
La
plupart des gens ont appris que l'on ne doit pas
montrer ses émotions en public. Partout règne la
répression émotionnelle et le stress, à cause
duquel nous avons pris l'habitude de consommer
toutes sortes d'aliments industriels, de
substances toxiques comme l'alcool ou le tabac et
de médicaments chimiques en grandes quantités,
tout cela pour abrutir notre sensibilité
affective et éviter de souffrir !
Les
ravages, dans les pays industrialisés, de la
mauvaise gestion des émotions sont
impressionnants : enfants battus par leurs
parents, parents battus par leurs enfants,enfants
délinquants, assassinats de tous genres, tueurs
en série, millions d'hommes et de femmes détruisant
leur vie par les drogues légales et illégales,
familles déchirées où l'on se dispute sans
cesse, chômeurs incapables de gérer leur vie,
clochards sans toit et exclus de tous bords,
cadres surmenés et cohortes de malades chroniques
qui cherchent un soulagement éphémère dans les
traitements médicaux, le tableau de la société
moderne fait sursauter.
En réaction à ce tableau dramatique, dans le
monde entier des êtres humains s'éveillent à
une nouvelle conscience et découvrent qu'ils
peuvent sortir des limitations du passé. Ils
remettent en question la croyance du "malheur
inévitable", de la violence contre laquelle
on ne peut rien faire que d'essayer de se protéger
par des systèmes policiers et judiciaires. Ils
veulent créer un monde délivré de la tyrannie
des émotions négatives et des maux qu'elle entraîne.
Au
lieu d'accuser les autres, de se plaindre en
victimes résignées, ils se sentent responsables
d'eux-mêmes et de la société dans laquelle ils
vivent. Ils consacrent du temps chaque jour à
rire sans raison pour dynamiser leur organisme et
ils n'ont pas peur des émotions intenses qu'ils
savent gérer en privé, hors de la vue des
autres. Ils se sont délivrés des deux principaux
fléaux de notre temps : la violence exercée
contre autrui et la répression émotionnelle, qui
est de la violence retournée contre soi-même.
Ils ont remplacé la "folie dure" qui
consiste à manifester ses émotions en public et
sans tenir compte des autres par la "folie
douce" qui consiste à savoir gérer ses émotions
en privé.
Le
rire est une porte d'entrée merveilleuse dans ce
monde délivré de la peur, du conformisme et de
la tyrannie de l'intellect. Le rire permet de
commencer à entrer dans le monde de la gestion
des émotions en douceur, en souplesse car le rire
est le défoulement émotionnel le plus facile à
effectuer en public, alors que l’expression d’émotions
fortes comme la haine ne peut se faire qu’en
privé, hors de la vue d’autrui. Dans notre
travail de thérapeutes et d’enseignants en santé
holistique (qui s’occupe des quatre corps de
l’être humain : physique, émotionnel, mental
et spirituel) nous utilisons abondamment le rire
pour aider nos patients et élèves à libérer
leur corps émotionnel de tout stress en laissant
les émotions circuler à travers le corps
physique.
En
juin 2002, une émission d’ » Envoyé Spécial
», sur FR2, a consacré un reportage à la «
rirothérapie », ou thérapie par le rire, et
nous y avons participé. Grâce à cette émission
et au dynamisme du docteur Kataria, venu spécialement
de l'Inde pour former des animateurs, des dizaines
de clubs de rire ont vu les jour dans les pays
francophones.
Chaque
fois que nous rions, notre cerveau fabrique tous
les médicaments que, par ignorance, nous allons
acheter chez le pharmacien. Il fabrique même des
subtances euphorisantes qui rendent désuète la
consommation de drogues douces ou dures !
Norman Cousins est cet Américain devenu célèbre
pour s’être guéri par le rire d’une forme
grave de rhumatisme jugé incurable par les médecins.
Le livre qui raconte son aventure, La volonté de
guérir» est devenu un extraordinaire best-seller
traduit dans de très nombreuses langues. Il a
valu à Norman Cousins de recevoir des milliers de
lettres de médecins enthousiasmés par sa vision
optimiste et par la valeur de la thérapie par le
rire, qui permet de sortir des dépendances envers
les remèdes chimiques pour stimuler le corps à
se guérir naturellement en fabriquant lui-même
ses médicaments. Dans son ouvrage intitulé : La
biologie de l’espoir, il décrit comment il a été
nommé professeur de médecine à l’UCLA, la
prestigieuse université de Californie de Los
Angeles.
Bien
que non médecin lui-même, il a été chargé
d’étudier et d’enseigner aux futurs médecins
l’influence du psychisme sur le corps, ainsi que
l’importance d’une attitude positive pour
aider le corps à se guérir. C’était la première
fois dans l’histoire des universités américaines
qu’un professeur de médecine était choisi
en-dehors du corps médical ! Avec toutes les équipes
de scientifiques qui, dans le monde entier, se
passionnent aujourd’hui pour la
psychoneuroimmunologie (la science qui étudie les
effets du psychisme sur les fonctions
physiologiques du corps et, notamment, sur le système
immunitaire), Norman Cousins a démontré que
l’attitude d’un individu joue un rôle capital
dans le fonctionnement de son immunité.
Le
rire est un merveilleux moyen pour se libérer du
stress !
Le
rire, c’est le « jogging intérieur ». Il fait
fonctionner les muscles du visage et provoque en même
temps une mobilisation générale des autres
muscles, de la face aux membres, en passant par le
diaphragme et les muscles abdominaux. Les effets
d’une bonne pinte de rire sont comparables à
ceux d’une séance de gymnastique ou de sport.
Le rire est également une puissante technique
respiratoire par les expirations forcées qu’il
produit. Celles-ci entraînent un grand calme émotionnel
grâce à un large brassage d’oxygène et
exercent de puissants effets sur l’appareil
cardio-vasculaire, la nervosité, la tendance à
l’insomnie et au stress. Le rire a également un
effet antalgique et anti-inflammatoire. Au niveau
digestif, il déclenche une gymnastique abdominale
qui facilite la digestion, le fonctionnement du
pancréas, du foie et de tous les organes
abdominaux.
La
recherche a montré que son effet sur le corps
peut s’expliquer notamment par la libération
des fameuses endorphines cérébrales. Le cerveau
produit en effet des substances semblables à la
morphine, qui vont engendrer toute une série de réactions
physiologiques : euphorie, plaisir, bien-être.
Cette stimulation psychique via le cerveau et la
production d’endorphines est extrêmement
importante. Mais il n'y a pas que les endorphines
! Quand nous rions, le cerveau fabrique lui-même
tous les médicaments que l'on peut trouver dans
une pharmacie. Le rire fait partie de la médecine
du futur, celle qui enseignera à chaque personne
comment devenir son propre médecin et son propre
pharmacien.
Voici
un poème dédié au rire intérieur :
LE
RIRE INTÉRIEUR
Rire
à gorge déployée
N'est pas toujours possible
Car les gens sérieux s'offusquent
Ils crient au blasphème
Quand le rire est trop visible
Mourir de rire
Est vraiment prématuré
Si vous souhaitez
Sur notre bonne terre
Encore un peu rester !
Le fou rire est interdit
Dans les milieux bien-pensants
Et rire aux larmes
N'a pas bonne presse
Chez les notaires et les juges
Les prêtres et les docteurs
Les gendarmes et les professeurs
Alors que faire ?
Renoncer à rire ?
S'enraidir dans un monde de glace ?
Se durcir le coeur ?
Sombrer dans le malheur ?
Non, si le rire est mal vu
Trop joyeux pour les morts-vivants
Il vous reste le rire intérieur
Léger, discret, passe-partout
Il s'adapte à tous les milieux
Cultive votre bonne humeur
Et régénère vos cellules à toute heure
Sentez-le jaillir
Comme une source
Au fond de votre coeur
Et laissez-le couler
Par votre sang
Dans tout votre corps
Si vous avez de la peine
A ressentir cette fontaine de Jouvence
Commencez le matin au réveil
Par une séance de rire sans raison
Vous inspirez puis expirez en saccades
En faisant ha, ha, ha
Ou hou, hou, hou
Ou encore hi, hi, hi
A votre guise
Laissez le rire vous secouer
Et continuez
Pendant dix bonnes minutes
Ainsi sera mise en activité
Pour toute la journée
Votre source privée
De rire intérieur spontané
Et vous vivrez dans la gaieté
Avec des grelots qui dansent et chantent
Dans le coeur
Des courants de vitalité
Qui parcourent le corps
Et des flots d'idées inspirées
Qui ruissellent de votre âme
Pour vous guider
Vers la jeunesse sans fin
Des vallées du bonheur
Qu'irriguent les sources
Du rire intérieur
Abraham
Cohen Solal, personnage riche aux multiples
facettes, est un spécialiste du développement
personnel par le clown, conteur, comédien,
metteur en scène, hypnothérapeute et
psychothérapeute.
www.develperso.com
clown@
develperso.com
|
Le
Clown : le jeu du « JE » dans le développement
personnel
Avertissement
: Lorsque nous parlons du « Clown » durant cette
conférence il s’agit précisément du Clown de
développement personnel, appelé aussi «
processus Clown». Rien à voir avec le Clown de
cirque classique, tarte à la crème et seau
d’eau dominical et cathodique…
*
* * * * * *
Vouloir
décrire le « Clown » c’est comme vouloir se
saisir du vent : nous croyons le voir, mais ce
sont les feuilles qui dansent… nous croyons
l’entendre et c’est le roseau qui chante…
nous croyons le ressentir et c’est notre peau
qui nous parle... nous croyons le sentir et
c’est l’ambre qui voyage... nous croyons le goûter
et ce sont nos sens qui se réjouissent…
Vouloir
expliquer le « processus Clown » résulte de
cette nécessité humaine de vouloir tout
comprendre, ethymologiquement « prendre avec »,
pour le ranger dans une boite répertoriée,
classifiée, repérable, réutilisable…
….Alors
que le « processus Clown » participe d’un
recyclage sauvage et libre, d’un broyage systématique
et aléatoire, d’une compilation impromptue et
inclassable, d’un compostage aérien et anaérobie
à la fois….
Oui,
vouloir comprendre est forcément réducteur,
dominateur et possessif.
Et
notre masse cérébrale est depuis l’aurore
entraînée à comprendre... le vide et
l’inconnu réveillant la peur ancestrale du
noir, de la nuit, de la mort.
Et
pour lutter contre le vide et l’inconnu notre néo-cortex
est un champion! Essayez juste un instant de vous
représenter l’infini… ou de concevoir que
l’univers est peut-être fini, en ce sens que
quelque part il n’y a plus « rien »….et bien
ce rien est encore quelque chose pour notre pauvre
mental limité!
Pour
exemple de notre habitude à combler le vide par
le « connu » le plus approchant, cette énigme délicieuse
:
« Roméo et Juliette sont allongés, morts, sur
le tapis d’une chambre. Il y a de l’eau et du
verre cassé sur le tapis. La fenêtre est
ouverte. Que s’est-il passé? »
Au
delà de la résolution de l’énigme posez vous
cette simple question :
« A quoi ais-je immédiatement associé :
1/ Roméo et Juliette
2/ le verre cassé
3/ l’eau sur le tapis »
95%
des réponses aboutissent à :
1/ Les deux héros de la tragédie de Shakespeare,
et donc des humains
2/ et 3/ un verre empoisonné
Et à la réponse « non » la deuxième version
la plus répandue :
2/ la fenêtre brisée par un orage
3/ l’eau de l’orage
Pour
remettre en cause ces acquis il faut généralement
que le « conteur d’énigme » réoriente les
synapses des chercheurs …
Je
vous laisse mariner un peu?…. Ping, dingue,
tongue! Vous donnez votre langue au chat?
Vous
êtes-vous seulement demandé si Roméo et
Juliette pouvaient être autres qu’humains?...et
si c’était des poissons rouges… je vous
laisse deviner la suite….
Désolé
de me jouer de vos mécanismes… mais j’ai les
mêmes à la maison!
Ils
nous entraînent à répéter ce que nous savons
(ou croyons savoir)... et quelques fois même ce
que nous ne savons pas mais que nous répétons
parce que papa, maman, la bonne ou le professeur
le disait...
En
langage Clown nous appelons cela des « lieux
communs »! Durant les matchs d’improvisation théâtrale*
cette attitude est pénalisée et peut même faire
perdre une manche!
S’éloigner
des lieux communs, c’est précisément
l’occasion de créer de nouveaux espaces, de
nouveaux lieux uniques et personnels. Le Clown
favorise cette créativité, et permet l’émergence
de « cette partie de nous même » parfois
inconnue, inavouée, inavouable…
Oui,
le Clown est un miroir agrandissant, une loupe
grandeur nature… très nature…
Dans
cette quête de la connaissance de soi et du développement
personnel, résolument à la mode (de quand?),
rares sont les processus libres, non balisés, éphémères…
d’autant plus rares sont les expériences
excluant la psychologisation et la théoréductionnalisation…
Le
Clown, vécu en liberté, laisse la place à
chacun d’intégrer l’expérience vécue sans
la nommer, sans la normer!
En
cela, le « processus Clown » respecte l’évidence
existentielle : nul n’a accès à la profondeur
de mon expérience… à part moi-même… et
l’idée que l’autre s’en fait… même «
bonne »… peut devenir une très « mauvaise idée
» par manque de respect de mon « tempo » et/ou
de mes « représentations » .
Le
« processus Clown » est un volcan d’où
jaillit le feu qui nettoie, la lave qui lave et
qui trace des chemins nouveaux, sculptant la vie
dans une fusion éphémère, inattendu, imprévisible…
à vivre absolument, résolument, sans «
mode-et-ration ».
Et
dans ce jeu du « JE », les règles s’inventent
et s’éventent à chaque pas, portées par le
vent insaisissable de l’imagine-air… et
transportées vers des sphères heureusement
inaccessibles, sortes de bulles colorées aux
reflets hallucinogènes… et pourtant tellement réelles.
Abraham
Cohen Solal
Perpignan (FRANCE) juin 2004
La
Société Européenne du Rire
(European
Laughter Society ) a été fondée par
le Dr Roland Schutzbach, foulosophe,
philosophe, pédagogue et thérapeute et
comporte le Cabinet de Rire et de
Plaisir à Anet en Suisse.
Le but de la société est de "créer
une conscience des effets positives du
rire en Europe" et de coopérer avec
d' autres projets internationaux
plein d'humour."
Mandaté par « Promotion Santé Suisse
», Roland Schutzbach a mené une étude
sur le rire avec des aspects
philosophiques, médicaux et
psychologiques.
www.hahahahaha.org
roland@hahahahaha.org
Tél. +41 32 3132458
|
Redécouvrir
la gaieté
En
un monde confus et secoué par des crises, il peut
paraître bizarre de porter le regard sur la gaieté,
voire de prôner une vie gaie et festive. En fin
de compte, nous connaissons tous le sérieux de la
vie! Les catastrophes ayant marqué le 20ème siècle
avec les deux guerres mondiales, la guerre froide
et les menaces sur l’environnement, le développement
effréné du capitalisme sauvage ont fait que pour
nombreux parmi nous l’espoir de voir un monde
harmonieux, voire empli de gaieté se soit tari.
La réalité brutale du terrorisme à l’échelle
mondiale qui s’est révélée au grand jour le
11 septembre pourrait nous donner le coup de grâce.
En
dépit de tout cela, cet article se focalise sur
le thème de la gaieté - le rire est permis,
mieux encore: il est désiré. J’irais plus loin
en disant que la gaieté et la joie de vivre, une
fois qu’elles se révéleront dans toute leur
grandeur et seront intégrées sur le plan
existentiel par un grand nombre de personnes, vont
précisément permette d’éviter de telles
catastrophes.
Commençons
par le commencement:
Nous
avons toujours cru que pour mener une vie
convenable et couronnée de succès, il fallait la
prendre au sérieux, il fallait nous prendre au sérieux.
La plupart des religions universelles sont
empreintes d’une grande gravité - le sacré
doit être pris au sérieux. La philosophie elle
aussi se prend au sérieux, tout comme la science.
Ce qui semble aller de soi prend un sacré coup
lorsqu’un homme comme Patch Adams nous conseille
de nous rendre ridicule en public. Non, cela dépasse
notre imagination, cela va trop loin: Notre
identité est en jeu, notre système de croyance,
notre importance.
La
philosophie de la gaieté nous invite à ne plus
nous prendre tellement au sérieux. En cela, notre
identité perd sa silhouette tranchée. Dans le
rire, nous assistons à la dilution de notre
”moi” chéri dans la gaieté qui l’unit au
monde et à son prochain, sans crainte et sans
doutes aucuns.
Suite
à une crise existentielle majeure, Adams découvrit
que l’humour était tout aussi important que
l’amour ou la vie. Sa passion de guérir l’a
amené à faire des études de médecine. Dans sa
”clinique des sots”, il cherche à intégrer
dans le concept de santé publique l’humour,
l’amitié et la joie de servir son prochain. Il
travaille à ce que l’avarice et la concurrence
s’effacent au profit de l’empathie et de la
solidarité.
En
renonçant à un sérieux exagéré, l’estime et
l’empathie ne se perdent pas. Bien au contraire:
En vivant un état de gaieté innocent, nous nous
sensibilisons pour notre prochain. Les inhibitions
qui nous empêchent si souvent d’entre en
relation avec l’autre de manière spontanée
sont dissoutes par le rire, nous pouvons plus aisément
apporter notre soutien. Le service au prochain
devient joie pure.
Si
tu vas chez le psychiatre et que tu lui dis que tu
es heureux, il te répondra que tu réprimes ta
douleur. Si tu viens vers moi et que tu me dis que
tu vis dans la douleur, je te dirais: ”Tu réprimes
ton bonheur!” Patch Adams
Il
existe par ci et par là des philosophies et des
pratiques méditatives qui connaissent et décrivent
le processus de la ”dissolution de l’ego”.
Dans la méditation zen par exemple, on relate que
lorsque l’on s’exerce pendant des années dans
la pratique du ”présent absolu”, l’identité
personnelle se dissout pour ainsi dire pour faire
place à une unité avec tout et tous. On dit
aussi que cette expérience engendre chez ceux qui
pratiquent une joie de vivre invincible. Ce phénomène
s’observe chez des personnalités tels que le maître
zen vietnamien Thich Nhat Hanh. D’autres maîtres
spirituels issus de l’espace oriental ont
parfois un rayonnement empreint de cette
merveilleuse gaieté.
La
tradition orientale connaît les maîtres
spirituels joyeux. Ils furent nombreux à
traverser le pays en riant, avec un gaieté
contagieuse.
Le grondement du rire
L‘on
raconte du grand maître zen Rinzai que chaque
soir avant d’aller se coucher , il laissait
gronder son rire qui résonnait dans tous les
couloirs et que l’on pouvait entendre partout,
dans tous les édifices du monastère. Et la première
chose qu’il faisait le matin à l’aube lors du
réveil était de partir dans un éclat de rire
qui était assez puissant pour réveiller les
moines du sommeil le plus lourd.
Ses
disciples le questionnaient sans cesse pour connaître
la raison de son rire, en vain. Et lorsqu’il
mourut, il emporta avec lui le secret de son rire.
Il
est intéressant de noter que ce n’est que récemment
que ce genre d’histoires et ces philosophies
sont portées à notre connaissance. Depuis vingt
ans environ, le thème de l’humour et du rire
commence à attirer l’attention du grand public,
avant tout dans le contexte du rôle de l’humour
dans la thérapie et de l’effet salutaire du
rire.
Et
pourtant, la philosophie du bonheur ne date pas de
hier! Les philosophes de l’antiquité - et ils
n’ont pas été les seuls - considéraient
qu’atteindre le bonheur était le but ultime de
l’existence. Selon eux, la philosophie était un
art de vivre. La philosophie moderne s’est hélas
éloignée de cette conception.
Les
épicuriens et les stoïciens faisaient à une
nette distinction entre ce qui relevait du libre
arbitre de chacun et ce qui se situait en dehors
de sa sphère d’influence. Ils développèrent
une sensibilité accrue pour cette distinction et
vécurent en conséquence!
Le
philosophe stoïcien Epictète écrivit les lignes
suivantes:
«Le
plus beau et le plus important qui soit dans notre
pouvoir, ce par quoi Dieu lui-même trouve son
bonheur, est l’usage de nos impressions et de
notre imagination. Car si nous savons tirer parti
de cette possibilité à bon escient, elle nous
apporte non seulement la liberté, le bonheur, la
gaieté, la dignité, mais aussi le droit, la loi,
la maîtrise de soi et l’habileté dans toutes
ses formes. Pour ce qui est du reste cependant,
Dieu ne l’a pas mis en notre pouvoir... Nous
sommes dès lors appelés à nous occuper par tous
les moyens concevables des choses étant en notre
pouvoir. En ce qui concerne les choses qui ne relèvent
pas de nous, nous devons les céder au cosmos, les
remettre avec joie, qu’il exige de nous nos
enfants, notre patrie, notre corps ou autre.»
Extrait
de: Epiktet, Teles, Musonius «Wege zum Glück» (
Les sentiers du bonheur), Munich, p 52
Les
expériences de l’auteur
L’auteur
du présent article fait l’expérience du rire
et de la belle gaieté depuis un certain temps et
avec un enthousiasme grandissant: Avec la création
de la ”Société européenne du rire” en
juillet 2000 et de mon ”cabinet du rire et de
l’humour” en mai 2001, j’ai pu placer de
nouveaux accents et mes autres actions du rire
connaissent un succès grandissant. Le public
manifeste bienveillance et intérêt pour la
philosophie sous-jacente et les succès rencontrés
par les thérapies du rire, ainsi que par les
formations dans le cadre d’institutions
sociales, d’équipes de travail et
d’entreprises prouve que ces réflexions ont de
la substance. Le virus de la gaieté et du rire
est contagieux!
Nous
pouvons expérimenter cette nouvelle gaieté
innocente. La méthode du ”rire libre” indique
une voie à suivre pour y arriver et pour accéder
ainsi à une vie heureuse.
Non
des moindres, le rire décrit ici représente une
méthode de relaxation très efficace. Selon des
recherches scientifiques, quelques minutes d’un
rire détendu induit autant de relaxation que
celle que l’on peut obtenir par une demie heure
de méthodes conventionnelles. Le rire réduit le
stress et provoque la mise en circulation des
endorphines qui provoquent le bien-être.
Ces
réflexions ne sont vraiment compréhensibles que
lorsque l’on pratique soi-même le rire et que
l’on fait l’expérience de la gaieté décrite.
C’est la raison pour laquelle je vous conseille
vivement d’expérimenter le ”rire libre”,
seul ou avec des amis, et de faire soi-même
l’expérience des effets qui en résultent.
C’est ainsi que je l’ai fait et cela a
fonctionné à merveille. Pour faciliter les débuts,
je vous recommande le CD ”Lach-Meditationen”
(Les méditations du rire), produit à Berlin.
Roland
Schutzbach
Ins (CH), juin 2004 (traduit par Marianne Wilhelm)
Yvan
Aboussouan avec sa double formation de
physicien et de clown, professe en tant
que consultant en communication dans les
entreprises et le social (sous
l’enseigne RIRE BLEU). Il a fondé en
1998 l’association Karaclown
(karaclown.ch) et en 2003 le Club de
Rire Genève (clubderire.ch). Il est
l’initiateur de la méthode
COMMUNICATION PLAISIR (pour entreprises
et instituts) ainsi que du projet le 4ème
RIRE (pour les maisons de retraite).
www.rirebleu.com
info@rirebleu.com
Tel. +41 79 293 57 83
|
Vent
d’ouverture
Le rire est la plus sublime manifestation du
plaisir. C'est une très ancienne fonctionnalité
de notre corps dont nous avons perdu la trace des
premières apparitions. Seraient-ce des femmes et
des hommes hilarants qui ont peint les grottes de
Lascaux ? Impossible de le savoir. On s'interroge
encore aujourd'hui sur le rôle de cette étrange
convulsion diaphragmatique dans la survie de notre
espèce. Si elle a traversé sans encombre des
milliers d’années de sélection naturelle, elle
nous est donc vitale, au moins pour ces prochains
siècles. Qui s’en plaindrait ? En effet,
l’humanité en guerre tombe d’accord sur un
point : nous aimons tous nous bidonner ! Tant de
subtiles et agréables sensations nous parcourent
à la vue et à l’ouïe d'un simple rire. Bien
plus qu'un petit agrément sporadique, certains le
considèrent comme un précieux plaisir qui
prolonge la vie des plus hilares d’entre nous.
Le rire conserverait. Reste à le conserver lui,
dans un monde qui porte de moins en moins à rire,
même si paradoxalement, on s’y moque de tout.
Oserions-nous
étudier cette ressource pour mieux comprendre son
mécanisme, à dessein de favoriser sa venue quand
elle se fait désirer ? Rire au lieu de se prendre
la tête pour des détails. Faire de l’humour
pour relativiser un problème. S’esclaffer pour
s’offrire un shoot, savant mélange
d’endorphines, d’adrénaline, de cortisone et
autres stimulants, calmant la souffrance physique
ou psychique. Considérer l’hilarité comme un
moyen de communication à part entière avec sa fréquence,
son timbre, son mode de transmission et ses
pouvoirs d’unification et, sans rire,
d’exclusion par la moquerie.
Le
pari est fou, voire indécent : analyser au risque
de saboter le charme des faciès qui
s’embrasent. Chercher à appréhender cette
expression d’allégresse si naturelle, en menaçant
sa poésie. Etre à l’affût d’une mimique
qui, jusqu’à présent, a réchappé aux
planches de dissection des comportements humains.
Et peut être le plus outrageant, lire dans la
gaieté des autres pour interpréter comme un
voyeur analytique l’humeur qui s’y cache. «
Je me demande si cette façon de rire ne couve pas
une dépression ? ».
Le
rire est mystérieux, fragile, intime ... comment
l’aborder sans le dénaturer ?
Essayez
d’expliquer à un rieur la raison de ses
convulsions rythmées, et il surveillera sa
prochaine tempête abdominale. Faites un
commentaire sur le timbre de son gloussement et il
aura la sensation que vous avez mis votre doigt
dans l'intimité de ses tripes. Et enfin, tentez
de l’imiter pendant qu’il rigole, ses
zygomatiques s'effondreront instantanément. On ne
se moque pas du rire ! Le chant de nos entrailles
n’aime pas s’exposer à la lumière de la
raison ou pire, de la dérision. Il est à nous ce
chatouillis intime qui a la vertu de nous éloigner
de la morne réalité par bouffées successives.
L’humour, oui ! Mais rire du rire, transgresser
la transgression, non ! Combien de partisans de
l’humour sont sortis désorientés d’une séance
de yoga du rire, avec les zygomatiques en compote.
Plus fort que l’époque dadaïste où on
utilisait le comique et la dérision comme bras de
levier pour tenter de renverser l’ordre social.
Ici, c’est la dynamique même du rire qui est
expérimentée, mais à but opposé: mieux vivre
dans l’ordre établi avec son rire comme bouée
de sauvetage. Aux philosophes et sociologues d’y
voir clair pour autant qu’ils osent s’immerger
une heure dans un club de rire.
Tâche
ardue pour les plus inhibés. Qui s’aventurerait
à exposer son rire en toute simplicité et sans
humour au projecteur d’une autorité ? A supposé
qu’elle aura la sagesse de ne pas juger la danse
de vos zygomatique, vous serez malgré tout
remarqué. Mais voilà, notre époque avec ses
voyeurs, nous nous en méfions. Le culte du corps
et les standards de beauté ont créé dans notre
tête un policier à l’affût du moindre écart
au savoir-paraître. Plus notre société se
raffine, plus nous pourchassons en détail les
imperfections de notre corps et nos anomalies
comportementales. Etre sur ses gardes devient un
mode de vie. Face au miroir, nous suivons la
progression d’une ride que nous avons identifiée
comme responsable de nos déboires sentimentaux.
Pendant un entretien, nous épions notre posture,
nous nous voyons regarder, nous nous écoutons
parler, souvent plus sévèrement que notre
interlocuteur. L’autosurveillance des apparences
est le meilleur garant d’une intégration
sociale réussie, d’un bon salaire. Alors nous
luttons avec notre extérieur. Dans cette
bataille, notre visage avec ses mouvements stratégiques
est le premier à être exposé.
Votre
sourire, délicate flexion de vos lèvres est déjà
passé à la moulinette. Comment souriez-vous au
travail ? Mimique forcée sur un visage morne ou
authentique sous des yeux pétillants ? Allez-y,
un sourire ne coûte rien ! Les autres
l’attendent et en redemandent. On n’aime pas
les rabat-joie qui s’affichent dans les groupes.
Dans cette tyrannie de la convivialité, ceux qui
plient l’hyperbole des lèvres sous le poids des
problèmes sont des battants. Ils savent faire
bonne figure dans le stress, quitte à brûler
toute leur énergie de la journée pour les
autres.
Voulons-nous
faire subire au rire le même traitement
socialisant? Imaginons-nous au travail à forcer
nos zygomatiques sur chaque plaisanterie douteuse
d’un collaborateur ? Alors que nous savons
placarder sans trop de difficulté un petit
sourire figé, il est plus ardu de libérer régulièrement
des rires jaunes ou blanc sans en être écœuré.
L’énergie à déployer est, certes, bien supérieure
à celle du sourire. La pression de l’entourage,
par contre, est la même. L’historien Georges
Minois le rappèle : «Il faut rire avec les
rieurs comme on hurle avec les loups». Ne pas
rire dans un groupe en hilarité s’est
s’exposer à l’exclusion.
«
Eh ! Ça te fait pas rire ? Qu’est-ce qui
t’arrive ? »
« Rien, je suis bien comme ça !» avec un léger
sourire forcé
« Alors pourquoi tu ris pas ? »
« Ben alors fais-moi rire ! » Le sourire est
tombé.
Qui
aurait l’impertinence de rééduquer notre rire
? Il va de soi. Chacun l’a sous une forme
authentique, de l’expression muette du plaisir,
au gros aboiement la mâchoire désaxée, en
passant par le petit gloussement en cul de poule.
Laissons-le naturel. Ne cherchons pas à le
stimuler. D’ailleurs, nous vivons une époque
humoristique. Tous les supports sont là pour s’étourdir,
se fendre la poire : TV, internet, radio,
journaux, BD, spectacles. Le rire décliné dans
sa version commerciale se porte à merveille et
nous agrémente la vie pour notre plus grand
plaisir.
Baissons
à présent le volume des foules en fête pour
faire entendre une voix intérieure: riez-vous
dans votre vie de couple avec votre partenaire, en
famille avec vos enfants, au travail avec vos
collaborateurs ?
Il
y a là un mode d’échange à des spasmes-lumière
du rire audiovisuel. Un jour, j’ai eu envie de
lui donner un nom pour le distinguer, favoriser
son retour au grand jour, tant il me paraissait
vital dans les relations humaines : le rire
relationnel.
C’est
celui qui est déclenché sans intermédiaire
technologique et sans l’aide d’artistes
professionnels.
Il
semblerait que cette source de bien-être ne cesse
de s’appauvrir depuis le milieu du 20ème siècle.
Peut-être est-ce dû à la montée de
l’individualisme, à l’interfaçage par la
technologie de la communication humaine. A
l’abri dans nos 4 murs, derrière notre écran,
nous consacrerions moins de temps aux discussions
informelles en tête-à-tête, situations propices
aux rires partagés.
Il
y aurait aussi le rythme des nouvelles méthodes
de travail et la précarité des postes. La
communication en milieu professionnel se veut
fonctionnelle, performante. S’amuser, s’égayer
dans les dossiers: pas le temps ! Or, la plus
grande partie de journée est vécue au bureau. Et
c’est la lente dégringolade : moins nous rions
dans la journée, moins souvent notre physiologie
du rire est sollicitée, moins nous sommes
sensibles aux stimulations qui font rire. Ainsi,
on devient difficile en humour et muet dans les
rires de contagion. Grise-mine en fin de parcours.
Ce processus est malheureusement similaire pour
les enfants plongés dans un contexte familial où
les rires sont rares autour des repas, ainsi que
dans les activités pédagogiques.
Autre
facteur chez l’adulte: dans l’ambiance de
stress et de compétition, ce sont les rires
jaunes qui se font toujours plus souvent entendre.
En effet sous la pression, on n’hésite pas à
user de moqueries, sarcasmes et autres harcèlements
par l’humour afin de se profiler sous le couvert
de la convivialité. Le mobbing par le rire reste
encore à découvrir. En voici un avant-goût amère:
si la victime se défend d’une vanne, la rétorque
du harceleur est classique « Mais Madame, vous ne
comprenez pas la plaisanterie ! Il faut un peu
rire pour se détendre !» C’est comme dans les
sables mouvants, plus on se débat, plus on
s’enfonce. Allez après expliquer aux DRH les
subtilités de l’humour, hahaha !
Non,
aujourd’hui le rire chaud, détendu qui agrémente
les rapports informels ne va plus de soi. Il y a
mal-être dans les turbulences sociales. Les généreuses
convulsions deviennent gargouillis stomacaux crispés.
A présent, le rire est transit sous la loupe du
corps médical, des thérapeutes et des spécialistes
de la communication. Mesures d’urgence : on a
commencé à le revigorer dans les clubs de rire
et écoles de clown orienté développement
personnel.
Les
premiers résultats montrent un tableau plutôt
pessimiste de l’état de santé de ce rire
relationnel mais les espoirs sont stimulants. Oui,
le rire peut se développer pour être déclenché
plus facilement, pour qu’à chaque bouffée il
vitalise notre quotidien, dope notre tonus,
nourrit notre univers relationnel. Oui, ses effets
sur la santé ont été largement sous-estimés.
Rigoler est en fait une véritable fête pour le
corps avec son feu d’artifice d’hormones
bienfaisantes, son rythme cardiaque enjoué, ses
spasmes musculaires, mini-extases à répétition.
A présent vous comprenez pourquoi les femmes
rient davantage que les hommes (stop ! C’est une
blague).
Fixons
deux repères historiques. A partir des années
80, une première vague de pionniers ont oeuvré
dans le monde à réhabiliter la fonction
hilarante et mettre en évidence ses effets sur
l’organisme. Médecins, formateurs, clowns,
humoristes, c’étaient les brises-glaces qui a
coup d’ouvrages, de séminaires et de conférences
ont élevé le rire à la hauteur d’une
ressource personnelle et relationnelle. Actions
plutôt marginales souvent dénigrées par les médias.
Il faudra attendre les années 2000 avec le
fantastique essor des clubs de rire pour que les
journalistes, intrigués, alerte le publique. A
partir de là, se sont enchaînées prises de
conscience et interrogations. «J’ai réalisé
que je ne riais pas assez » « Je ne rie plus
avec mon partenaire » « Est-ce que je peux venir
rire avec vous ? Attention, je suis dépressif !»
« Comment m’amuser avec mes enfants sans perdre
mon autorité ? » « Qu’est-ce que vous me
conseiller pour que l’on ne se moque plus de moi
? ».
La
Révolution du rire a finalement éclaté avec ses
partisans, ses adversaires, ses dissidents. Adhérez-vous
aux clubs de rire certifiés du Dr. Kataria ?
Pratiquez-vous en groupe le rire blanc de France
Mondor sans être dans une école de rire ? Quel
style de clown développement perso avez-vous
adopté, clown poète de Pirouette-Cacahouette,
mystique de Lex Van Someren, ou clown dans le désert
marocain d’Abraham Cohen ? Suivez-vous un
rigolothérapeute ou un comique de scène
reconverti au bien–être ? De quelle couleur
riez-vous le plus souvent, jaune, blanc, rouge ou
bleu ?
Cela
ne mérite-t-il pas un Symposium ? Hahaha !
Et
qu’allons-nous y faire ? Rire avec ou sans
raison ? Travailler avec ou sans ludique ?
Echanger avec ou sans humour ?
A
l’heure ou j’écris ces lignes, à J moins 3
jours, je l’ignore. Laissons-nous surprendre,
avant tout, avec confiance et légèreté.
Je
pense que c’est l’attitude qui nous permettra
d’approcher les rire dans toute leur richesse.
Peut-être découvrirons-nous derrière ce souffle
perlé, le collier qui a le pouvoir d’unir les
humains. Ces rires là sont fragiles et précieux
à notre époque. Ils s’entendent au-delà de
l’intensité sonore.
Auriez-vous
pensé qu’au travers de ces expirations vocalisées,
il y a des êtres qui se dévoilent dans leur plus
belle nature ?
Alors
peu importe les décibels, de la tempête
d’hilarité au sourire muet qui masque un rire
intérieur. Peu importe le déclencheur, qu’il
soit un gag recherché, un rire blanc ou un rire
de contagion. Rejoignons-nous dans le plaisir,
entre inconnus, pour apprendre avec le souffle à
vivre ensemble en paix.
Yvan Aboussouan
Genève, le 29 juin 2004
Corinne
Cosseron est diplômée en Études Supérieures
de Psychologie. Elle est formée au Yoga
du Rire par Madan Kataria et Steve
Wilson, à différentes techniques de
Clown, au Rire en milieu hospitalier par
France Mondor et à la Sophrologie
Ludique par Claudia Sanchez et Ricardo
Lopez.
Fondatrice
du 1er Club de Rire du Sud de la France,
co-fondatrice de la Fédération Française
des Clubs de Rire, elle crée en 2002
qui propose différentes formations
autour du rire : yoga du rire,
sophrologie ludique, rigologie®,
clown, spectacles
interactifs…, et intervient dans tous
les milieux, notamment en entreprises et
à l'hôpital.
Célébrant
la Journée Internationale du Rire,
organisatrice du Plus Grand Éclat de
Rire de France et créatrice du Rire
d'Or remerciant chaque année une
personnalité défendant les bienfaits
du rire pour la santé, elle poursuit en
créant le 1er Rassemblement
International des Rieurs à Frontignan où
des centaines de Rieurs venus de toute
l'Europe peuvent échanger leurs expériences
rieuses durant un symposium, un salon du
livre et dix jours de festivités
proposant séances de rire, théâtre,
cinéma, danse, chant et clowneries
diverses.
www.ecolederire.com
ecolederire@wanadoo.fr
Tél - 06 15 31 28 65
|
L'état
du rire en France
Rien
n'est plus sinistre que de parler du rire, c'est
bien connu. Le rire ça se vit, ça se fait, ça
se sent, ça se vibre, ça se partage, ça s'éclate
mais ça ne se raisonne pas.
Voici
donc quelques chiffres, édifiants et pas drôles,
qui m'ont poussée à m'occuper le plus sérieusement
du monde, de l'état du rire dans notre pays.
Quelques
statistiques que nous nous répétons sans trop
aller vérifier la manière dont elles ont été
établies. Mais elles sonnent malheureusement trop
juste pour ne pas l'être au moins un peu.
En
1939 les Français riaient dix-neuf minutes par
jour. Et pourtant les temps n'étaient pas à la
franche rigolade. En 1983, lorsque le Dr Henri
Rubinstein publie La Psychosomatique du Rire, nous
n'en sommes plus qu'à six minutes par jour. En
l'an 2000, nous passons la barre de la minute
quotidienne. Aujourd'hui, 7% de la population française
affirme ne jamais rire.
Or
depuis l'Antiquité, les médecins ont constaté
que les Rigolus guérissent bien mieux que les
Tristus. Ils ont même estimé la quantité de
rire nécessaire chaque jour pour se maintenir en
bonne santé à dix minutes. Si vous êtes
malades, augmentez la dose. Mais la première
chose que l'on fait quand on est malade n'est-elle
pas justement de rire encore moins?
Ajoutez
à ces chiffres alarmants ceux de l'Organisation
Mondiale de la Santé qui s'est penchée sur la
manière dont chaque pays gère ses émotions.
Pourquoi? Parce qu'on sait déjà que plus de 75%
des consultations médicales des pays
technologiquement avancés sont causées par des dérèglements
liés, d'une manière directe ou indirecte, à
l'excès de stress négatif. (Or le rire répare
point par point à peu près tout ce que le stress
détruit en nous.)
On
sait maintenant aussi que 85% de nos troubles sont
liés à notre refus d'exprimer nos émotions :
tristesse, peur, colère ou joie. Ainsi, aux États-Unis,
il n'est pas question d'avoir peur. La vertu
principale est le courage et donc toute forme de
peur est-elle à bannir.
Savez-vous
quelle est l'émotion que, d'après l'OMS, les
Français assument le moins? La joie! Eh oui! Héritage
du Moyen-Âge qui considérait le rire comme
satanique et qui proposa la culpabilité à tous
les Rieurs! Racine ne prétendait-il pas :
"Tel qui rit vendredi, dimanche
pleurera."
C'est
dans cet état de sinistrose avancée que se
trouve notre pays le jour où je tombe par hasard
dans la petit lucarne, tard dans la nuit, sur de
très dignes dames Indiennes, multicolores dans
leur magnifique sari, hurlant de rire sur une
plage de Bombay. Je suis aussitôt contaminée par
cette inexplicable rigolade et découvre alors le
Dr Madan Kataria, généraliste de la banlieue de
Bombay, qui explique le plus sérieusement du
monde qu'il a décidé de créer des Clubs de Rire
afin d'aider ses patients tristes à mieux guérir.
Conquise,
je me dis que cet homme a raison : il est urgent
de rire. Grâce à Internet, j'entre en contact
avec le Dr Madan Kataria dés le lendemain et suis
la première formation d'animateurs de clubs de
rire qu'il organise en France, en mai 2002. Aussitôt
quatre clubs s'ouvrent aux quatre coins de la
France dont celui de Frontignan. Deux ans plus
tard près d'une centaine de Clubs rient à
travers tout notre pays.
Phénomène
de mode ou soupape de sécurité nous permettant
de souffler? Le succès des Clubs de Rire
accompagne celui des humoristes qui font salle
comble. Les vidéo clubs le confirment : loin
devant les autres, ce sont les comédies que nous
louons! Parce que nous avons besoin de rire, même
si nous avons banni le rire de presque tous nos
lieux de vie pour ne plus l'autoriser que dans les
dîners entre amis, les réunions de famille (et
encore, …pas toutes!) et les spectacles
comiques.
Revenons
à la source. Qu'est-ce que le rire? Un luxe que
certains d'entre nous peuvent s'offrir tandis que
d'autres s'en passeraient?
Nouveau
au Club de Rire de Frontignan, un homme radieux me
dit au bout de quelques séances : "Avant de
venir au Club de Rire, je ne voyais pas l'intérêt
de rire." Surréaliste! Respire-t-on ou
dort-on par "intérêt"? Tout comme la
respiration, le rire est un réflexe, vital qui
plus est, qui a donc pour fonction de nous
maintenir en vie. (cf. La Psychosomatique du Rire
(1))
Et
si nous n'avons pas tous le même humour, voire si
certains n'en ont même aucun, nous possédons
tous la capacité de rire. Bonne nouvelle qui
pousse les Rieurs du Club à se lancer des
gageures : nous nous donnons une semaine pour
arriver à faire rire un Papy du village que
personne n'a jamais vu rire. Et tout peut arriver,
la colère, voire les coups, un sourire, un échange
verbal et parfois, un éclat de rire partagé!
L'autre
jour, lors d'une conférence de presse organisée
pour le 1er Rassemblement International des Rieurs
à Frontignan, un journaliste auquel je venais
d'expliquer les différentes activités de l'École
Française du Rire et du Bien-Être et que j'avais
vu noter consciencieusement : clubs de rire,
sophrologie ludique, yoga ludique pour enfants,
clown, chant, théâtre, spectacles interactifs,
rigologie, interventions en entreprises, hôpitaux,
maisons de retraite, associations de patients,
festivals, événements etc. relève brusquement
la tête et s'exclame : "Mais quel est le
lien avec la réalité?"
Quelle
superbe question! Le lien entre le rire et la réalité?
Comme on se sent humble dans un moment comme
celui-ci où l'on réalise que l'essentiel du
message n'a même pas commencé à envisager de
passer!
Le
rire appartient à notre réalité quotidienne. Le
rire doit faire partie intégrante de chaque
instant de notre vie. Il n'y a pas la "réalité",
sans le rire, et ailleurs, dans les loisirs où
des temps "irréels", le rire! Le rire
doit nous servir à combattre les mille petits désagréments
de notre vie quotidienne ; bouchons, ascenseur qui
n'arrive pas, grèves diverses (autre spécialité
française), retards, frustrations, énervements
en tous genres. Bien sûr nous ne pouvons
accueillir le deuil d'un être cher par un grand
éclat de rire (même si on pique une incontrôlable
-et salvatrice- crise de fou rire à son
enterrement) mais l'humour et la joie dans la vie
quotidienne feront de nous des êtres plus forts
et mieux aptes à rebondir face aux véritables
difficultés de la vie. C'est l'éclat de rire
salvateur que Victor Hugo qualifiait de
"dernière ressource de la rage et du désespoir."
Le rire comme hygiène de vie pour remettre de
l'huile dans les rouages de notre société. Le
rire pour mieux vivre à défaut de vivre plus
longtemps. Et le rire, encore, comme porte d'entrée
vers nos autres émotions - moins plaisantes peut-être
mais tout aussi nécessaires à notre équilibre -
et que nous devons réussir à exprimer et assumer
pour pouvoir vivre épanouis, heureux et
somptueux, pour pouvoir donner et accepter de
recevoir.
Merci
à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, à
l'aide de clubs de rire, de stages ou de séminaires,
de sophrologie ludique ou de yoga ludique, de
clowneries ou autres moyens contribuent à
restaurer la joie et la bonne humeur dans notre
société.
Merci
à tous ceux sans lesquels ce premier Symposium
Européen sur le Rire et la Santé n'aurait pas vu
le jour :
·
Yvan Aboussouan, fondateur de Rire Bleu,
organisateur et animateur de ce symposium,
· Le Dr Madan Kataria, Rire d'Or 2004, pour son
invention du Yoga du Rire,
· Le Dr Henri Rubinstein, Parrain de l'École
Française du Rire et Rire d'Or 2003, pour La
Psychosomatique du Rire,
· Le Dr Christian Tal Schaller, auteur de Rire,
une merveilleuse thérapie,
· Le Dr Roland Schutzbach, foulosophe
· France Mondor, relaxologue et praticienne du
Rire Blanc,
· Abraham Cohen –Solal, clown et thérapeute
· Et, bien sûr, Frédéric, Armand et Orel qui
me font tellement rire chaque jour que je me sens
obligée de retransmettre un peu de tout cet or
joyeux !
Bons rires à tous!
(1)La Psychosomatique du Rire, Dr Henri
Rubinstein, Robert Laffont, 1983, Paris
Corinne
Cosseron
Frontignan, le 4 Juillet 2004
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